Formation 21 et 22 octobre 2010
jeudi 21 octobre :
"prendre soi des autres : enjeux actuels et dimensions professionnnelles"
la première idée de titre de Myriam était : "Prendre soi de soi..." Effectivement si je prends soin des autres, qui prend soin de moi ? et si la réponse est moi-même, est-ce que je prends le temps de le faire ?
1ère intervention : Gilles LIPOVETSKY nous propose une promenade historique "individualisme et qualité de vie dans la société hypermoderne". dès le 18ème l'individu est placé au centre de la société qui se pense comme société de progrès. Même si l'individu est reconnu en tant que tel, il doit savoir s'effacer devant la technique, la science, le savoir, "l'intérêt supérieur".
Progressivement, la thématique du progrès va céder le pas à la problématique de la "qualité de vie". Apparaissent les questions sur les méfaits du progrès. On commence à penser que le progrès devient quelque chose qui se paye cher? le futur devient menaçant, on se recentre alors sur la quête du bonheur et de la qualité de vie. Il y a effondrement de certaines visions utopistes fondées sur la suprématie de la modernité et du progrès.
Il y a à présent une aspiration à un mieux être avec une exigence de la prise en compte de la personne. plus rien maintenant n'échappe au registre de la qualité de vie. parallèlement à cette aspiration, il y a une monté d'un nouvel individualisme avec 4 grands traits :
- 1) le culte hédoniste : se manifeste pour toute la société, dans son ensemble, au travers de la société d'hyperconsommation. Lors des 30 glorieuses, le bien être s'est imposé comme une exigence individuelle. Puis on passe d'un confort quantitatif à un confort qualitatif. Il y a monté d'exigence par rapport à la qualité de vie en même temps qu'apparait le phénomène du "low cost".
- 2) le culte du corp : la qualité de vie s'exprime aussi au travers de la démocratisation des pratiques sportives, de la chirurgie esthétique, etc.
- 3) le cult Psy : privilégier l'épanouissement de l'enfant, jusqu'à en arriver à la situation d'enfant roi, mais situation qui s'éloigne alors du principe de réalité. Avant il y avait le prêtre, maintenant il y a le Psy. Il existe plus de 400 sortes de thérapies dans le monde. L'individu veut non seulement jouir de la vie, mais aussi être entendu, compris, dans sa subjectivité et ce jusque dans le monde du travail. Il y a une demande de plus en plus affirmée de reconnaissance.
- 4) culte de l'autonomie individuelle : exigence généralisée : on ne veut plus être dirigé par l'extérieur, par des normes collectives extérieures. Il y a demande d'une vie "à la carte" que qualifie cette démarche dans "l'individualisme hypermoderne". Chacun fait son marcher dans le dogme religieux et les individus ne se convertissent plus par force comme autrefois, mais par choix personnel. Il y a moins de mariages, plus de divorces et de plus en plus tôt. C'est le modèle de l'autonomie, de l'hyper-choix.
Et les paradoxes s'enchaînent : plus il y a d'individualisme, plus il y a de thérapie / plus il y a autonomisation, plus il y a de vulnérabilité avec fragilisation de la personnalité / plus l'individualisme se développe, plus il y a de mouvements associatifs / plus on favorise la qualité de vie, plus s'affirme une société de performance.
Conclusion : Nous sommes donc condamnés à vivre dans des sociétés où la performance va être de plus en plus une exigence. Performance qui va se conjuguer avec la nécessité de trouver un équilibre individuel, un mieux être qui puisse justement être au service de cette exigence de performance.
Gilles LIPOVETSKY : Philosophe, Sociologue, auteur de "Le bonheur paradoxal", "Les temps hypermodernes", "Le crépuscule du devoir"...
2ème intervention :
David LEBRETON : la douleur a toujours un sens. La douleur est 100% physique et 100% psychique. La douleur implique toujours une souffrance altérant notre relation au monde. La souffrance, c'est ce que l'homme fait de sa douleur. La signification modifie l'intensité de la douleur jusqu'à la rendre supportable, jusqu'à la provoquer soi-même parfois (scarifications = se faire mal pour avoir moins mal / se faire mal à son corps pour avoir moins mal à sa vie). C'est alors cette signification, ce "bouclier de sens" qui permet de mettre à distance la souffrance.
Chaque soignant, chaque personne a un pouvoir d'antalgie sur son patient ou sur l'autre avec la capacité pour chacun de mettre en lumière ce qui peut devenir un bouclier de sens chez l'autre.
David LEBRETON : Professeur à l'université de Strasbourg, Membre de l'Institut Universitaire de France et Chercheur au Laboratoire Cultures et Société en Europe. Anthropologue et Sociologue Français, Auteur de "Anthropologie de la douleur", "La saveur du monde", "Expériences de la douleur".
3ème intervention :
Myriam CASSEN : "les conditions d'exercice du soin : prévenir le burn-out"; définitions = bougie qui s'éteint ; lampe grillée ; personne qui a éteint sa flamme ou s'est vidé de l'intérieur ; etc.
le processus est lent et progressif, l'utilisation répétée de mécanismes adaptatifs face au stress au travail épuise peu à peu l'individu qui trouve de moins en moins de ressources personnelles pour se restaurer.
Il n'y a pas de causalité directe concernant le burn-out, mais une rencontre entre un contexte professionnel et des facteurs de personnalité.
"Notre passé nous fragilise mais ne nous condamne pas" : Mony ELKAÏM.
Il y a 3 versants du "burn-out" qui peuvent être mesurés par un test qui comprend 22 questions : le M.B.I. = Maslach Burn-out Inventory. lien pour passer le test : http://www.masef.com/scores/buroutsyndromeechellembi.htm
Une des qualités utilisable dans le processus relationnel sera bien sûr l'empathie. La conséquence de notre empathie étant la capacité que nous avons à imaginer les besoins psychiques de l'autre.
L'empathie :
- condition du soin pour qu'il soit thérapeutique ;
- condition de l'alliance thérapeutique ;
- condition pour le développement des ressources et des compétences du patient ;
- condition de l'estime de soi par rapport à l'éthique personnelle.
SOLUTIONS à L'EPUISEMENT PROFESSIONNEL :
- clarté des attentes et des rôles ;
- temps commun d'analyse des situations ;
- vigilance à l'égard des pratiques isolées ;
- développement d'une culture commune : exigences dans la relation au patient, dans la prise en considération des
collègues (si le collègue dysfonctionne, se poser la question pourquoi il est amené à dysfonctionner ?) ;
- développement du sentiment d'appartenance.
Mesures curative du "burn-out" :
- débriefing ;
- interventions extérieures ;
- prise en charge individuelle ;
- groupe de parole.
Mesures individuelles :
- gestion du stress ;
- gestion du temps ;
- diminution des tâches multiples simultanées (multi-tasking) ;
- amélioration de la communication et des capacités à parler des problèmes ;
- développement de l'autonomie et de la créativité.
et bien sûr face à L'URGENCE RALENTIR 4ème intervention : Pr. Patrice COUZIGOU : "Soigner ou traiter". Professeur de médecine en Hépato-Gastroentérologie à Bordeaux. Il décrit les dérives de l'hyperspécialisation qui amène à la fragmentation des soins, ce qui induit une difficulté de cohésion et de cohérence. C'est alors
Vendredi 22 octobre :
5ème intervention : Pr. Michel LE MOAL : ""Psy"... entre Culture et Nature"
6ème intervention : Pr. Maurice BERGER : "le soin en institution des enfants très violents"
7ème intervention : Frédéric LA BELLE : "pratique de prévention / prévention pratique : qui soigne les soignants ?"
8ème intervention : Pr. Guy AUSLOOS : "Miser sur la compétence pour arriver à la "déprise en charge""